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Le programme électoral des Verts de Burlington (1989)
Les Verts de Burlington (Vermont) ont utilisé ce document comme programme électoral en mars 1989 quand ils ont présenté deux candidats au conseil municipal et un à la mairie, lors d’une campagne municipaliste libertaire. De plus, ils ont publié plusieurs documents sur des question spécifiques et leur premier rapport détaillé sur l’environnement à Burlington. Ce programme sert ici d’exemple de programme de transition.
Qui sont les Verts de Burlington ?
Nous voulons créer une nouvelle politique pour Burlington une politique qui est fondée sur l’écologie le contrôle de la croissance, une économie morale, la justice sociale et une véritable démocratie de la base.
Nous voulons créer un nouveau mouvement à Burlington – un mouvement qui n’est pas seulement un autre parti pour élire des politiciens, mais qui engage les simples citoyens sur une base quotidienne dans le processus politique au sein de la communauté et des organisations de quartiers. Nous espérons développer un mouvement réellement populaire pour aborder les causes de nos problèmes sociaux et écologiques, pas seulement pour s’occuper de leurs symptômes.
I. L’écologie et la croissance
Le problème : La crise écologique est le plus grand problème de notre époque. Comme les médias populaires l’ont souligné, la Terre elle-même est maintenant en danger. La planète est littéralement en train de mourir. La crise écologique soulève des problèmes aigus que nous ne pouvons pas ignorer plus longtemps ; et il ne suffit pas de le dire. Il y a des aspects locaux hautement spécifiques de la crise écologique qui doivent être abordés au moyen d’actions engagées sur le plan local. Parmi ceux-ci, la « croissance » est maintenant la plus urgente.
Burlington croît irrésistiblement, sans égard aux besoins de la population et sans respect pour l’équilibre nécessaire entre nous et notre environnement naturel. Nous faisons face à une pollution de plus en plus grande, à des projets de construction disgracieux, aux embouteillages du trafic et à la destruction de nos marécages et de l’écologie unique du lac Champlain. Nous faisons face à la perspective d’autoroutes encore plus nombreuses et plus larges, à la perte totale des espaces ouverts dans notre ville et à des problèmes grandissants d’élimination des déchets. Dans le comté de Chittendon, le taux de mortalité due au cancer est plus élevé que dans tout le reste du Vermont. Les stress de la mégapole envahissent tous les aspects de nos vies.
La solution : Les Verts de Burlington veulent un moratoire sur la croissance. Il est essentiel que les citoyens aient le temps de discuter, dans des assemblées publiques, le problème qui se pose à Burlington et de décider démocratiquement comment notre communauté peut se développer selon des normes écologiques, humanistes et rationnelles.
Nous voulons l’élection d’une commission environnementale et la création d’un conseil consultatif des citoyens sur l’environnement, composé de représentants des organisations environnementales, de spécialistes sans lien aucun avec le commerce et l’industrie, de citoyens concernés, de planificateurs urbains et d’architectes. Ce conseil assistera la commission environnementale pour établir des directives écologiques quant à la croissance future de Burlington et fournira aux citoyens un rapport annuel sur l’état de l’environnement dans notre ville et ses alentours.
Nous voulons que de sérieux efforts soient faits pour trouver des sources d’énergie renouvelable comme l’énergie solaire, éolienne et à base de méthane. Le recyclage et la réduction des déchets devraient être une priorité tout comme la mise en place d’un programme régional pour le partage de nos ressources énergétiques avec les communautés voisines.
Nous croyons que l’avenir de Burlington doit être guidé par les besoins écologiques et humains, et non pas par des intérêts particuliers et des « développeurs » qui profitent aux dépens de la communauté.
II. Une économie morale
Le problème : Nous vivons dans une économie concurrentielle du croîs-ou-meurs qui ne connaît aucuns limite morale ou écologique. L’économie de marché par sa nature même, ne répond pas aux besoins essentiels de nombreux citoyens, tels qu’un logement décent et un revenu suffisant pour vivre. Une classe grandissante de gens démunis se heurte à des problèmes particuliers qui empirent constamment. Les relations concurrentielles égoïstes qui sont produites par l’économie de marché remplacent les relations morales et de coopération entre les gens.
La solution : Il faut aborder les problèmes de notre ville non seulement dans une perspective écologique mais dans la perspective de l’écologie sociale. Nous ne devrions pas opposer les questions écologiques aux questions sociales, ni échanger l’environnement naturel contre les bénéfices douteux de la croissance.
Les Verts de Burlington croient qu’un logement décent, un revenu suffisant pour vivre et de bonnes conditions de travail sont des droits et non pas des privilèges. Nous croyons aussi que les gens ont un droit naturel à vivre dans un environnement sain. Nous croyons que des gestes pratiques peuvent être posés dans notre communauté pour commencer à exercer ces droits. Nous voulons :
- une banque municipale contrôlée par la communauté qui fournira les ressources financières et des prêts à intérêt minimal pour l’achat et la réparation de maisons, et pour la mise en marche de projets de construction écologique novateurs pour les groupes à faible revenu ;
- l’émission d’obligations et des changements dans la structure fiscale qui permettent tous les logements dont ont besoin les démunis et les personnes âgées ;
- un réseau direct entre les fermiers et les consommateurs pour favoriser l’agriculture locale ;
- l’acquisition municipale des terres vacantes qui feront partie d’une fiducie publique pour la récréation, le jardinage et les parcs ;
- des coopératives contrôlées par la municipalité pour développer et implanter des technologies douces et produire des biens de qualité en accord avec la tradition de superbe travail du Vermont.
Ce ne sont là que quelques tremplins vers ce qui, nous l’espérons, deviendra une économie contrôlée par la municipalité et gérée pas ses citoyens dans leurs libres assemblées, guidée par des principes moraux autant qu’écologiques.
III. La démocratie de la base
Le problème : Les problèmes écologiques et sociaux qui se posent à Burlington et sa région métropolitaine ne sont pas pris au sérieux parce que la population est dépossédée du peu de pouvoir qui lui reste par un hôtel de ville et une bureaucratie hautement centralisés. Sous couleur de direction « populaire » une nouvelle espèce de gestionnaires bureaucratiques nous font passer de l’état de citoyens actifs à celui de contribuables passifs. Notre héritage de démocratie participative au Vermont est en train d’être détruit par des techniciens qui méprisent le gouvernement populaire.
La solution : Nous avons besoin d’une nouvelle politique dans notre ville et pas seulement d’une autre administration. Nous réclamons d’authentiques assemblées de quartier, dotées de pouvoirs décisionnels toujours plus étendus pour établir une politique sociale et écologique et pour aider à administrer notre ville Nous croyons que toutes les principales commissions de la ville devraient être élues par la population, leur mandat limité à un an et leur nombre accru pour compenser la centralisation du pouvoir aux mains du maire et de l’hôtel de ville. Nous demandons des révision de la charte qui favorisent l’autogouvernement populaire conformément à la tradition du Vermont.
On devrait réserver une grande portion des assemblées du conseil municipal à la discussion publique par les citoyens de diverses questions, et des garderies gratuites devraient être disponibles pour tous les parents qui désirent participer. Les citoyens devraient aussi avoir le droit de destituer les conseillers qui ne respectent pas leur mandat et leurs engagements envers les sections électorales de la ville.
Nous croyons que Burlington devrait vigoureusement et continuellement montrer la voie pour réaliser l’autogouvernement dans le Vermont de sorte que les cités et les villes dirigent leurs affaires aussi librement que possible sans l’interférence de l’Etat. Burlington devrait aussi être le chef de file pour établir à la grandeur du pays des confédérations démocratiques avec les communautés voisines pour résoudre des problèmes régionaux comme les transports, la croissance et les autres problèmes économiques et environnementaux.
IV. La justice sociale
Le problème : Nous assistons à la montée d’une nouvelle sous-classe de gens pauvres, surtout des femmes, qui subissent une pauvreté consternante au milieu d’une incroyable abondance. De larges groupes de personnes effectuent du travail à bon marché. Les personnes âgées sont négligées et placées sur une voie de garage comme le sont les sans-abri et ceux qui sont incapables de se procurer un logement décent. Les homosexuels et les lesbiennes sont victimes de discrimination et sont souvent brimés à cause de leur orientation sexuelle. L’injustice sociale est devenue un élément majeur dans la vie quotidienne de notre communauté.
La solution : Nous croyons que Burlington devrait devenir « la meilleure des villes » pour tous ses citoyens. Nous voulons que Burlington verdisse ! Pour nous, le vert signifie l’écologie et l’écologie signifie une communauté harmonieuse et participative entre les êtres humains et les autres formes de vie. Mais ceci signifie aussi que nous devons vivre dans une communauté humaine harmonieuse et participative. Sans une communauté guidée par des principes écologiques et la justice sociale, nous assisterons à une effroyable détérioration de notre environnement et à la destruction toujours plus grande de tout ce qui fait de Burlington un endroit où il fait bon vivre pour nous-mêmes et nos enfants.
Nous croyons qu’il faut mettre un terme à la féminisation de la pauvreté par une action coopérative décisive. Les femmes doivent recevoir pour leur travail un salaire décent et comparable. Les garderies gratuites devraient être fournies à tout parent qui le désire. Les problèmes des sans-abri doivent être abordés par la communauté de manière créatrice, avec l’intention de leur donner le contrôle de leur logement. Les services aux personnes âgées doivent être étendus. Il faut mettre un terme au processus d’aristocratisation. Les plus vieux quartiers doivent être rénovés dans l’intérêt des citoyens qui y vivent aujourd’hui pas dans l’intérêt des privilégiés qui espèrent les envahir demain.
Les Verts de Burlington ne croient pas que ces buts écologiques et humains et bien d’autres encore que nous espérons présenter à la population dans nos documents futurs soient irréalistes ou impossibles à réaliser. Certains peuvent être réalisés immédiatement ; d’autres demanderont sans doute plus de temps. Mais nous croyons que ce sont là des buts minimaux auxquels devraient tendre tous les citoyens qui se préoccupent de questions sociales et de démocratie. Nous croyons que ces buts ne peuvent être atteints qu’à travers un mouvement antiautoritaire et populaire, un mouvement qui veut créer la démocratie de la base. Nous voulons changer toute l’image actuelle du progrès comme croissance aveugle et la remplacer par une conception écologique du progrès qui, au bout du compte, fera naître une nouvelle harmonie dans la population et entre l’humanité et la nature.
Aidez-nous à créer une nouvelle politique et un nouveau mouvement !
Tiré de Janet Biehl, Le municipalisme libertaire, éd. Ecosociété, pp.285-293.
Traduction : Nicole Daignault
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