La Banque centrale russe au cœur des tensions avec l’Union européenne

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Introduction : Une institution sous pression internationale

La Banque centrale russe se trouve au centre d’une bataille juridique et économique majeure avec l’Union européenne. La banque centrale russe a entamé une procédure en justice contre Euroclear, qui détient quelque 185 milliards d’euros d’avoirs russes immobilisés à la suite de la guerre en Ukraine. Cette affaire révèle les tensions croissantes autour des sanctions économiques imposées à Moscou et leurs conséquences sur l’économie mondiale.

Une action en justice sans précédent

L’affaire a été portée devant un tribunal d’arbitrage à Moscou. Selon Tass, la banque réclame 18,2 billions de roubles, ce qui correspond aux fonds bloqués et aux revenus perdus. Cette somme colossale, équivalant à environ 200 milliards d’euros, représente non seulement les avoirs gelés mais également les profits que la Banque centrale russe estime avoir perdus depuis l’immobilisation de ces actifs.

La Banque centrale a qualifié les plans de l’UE d’utiliser les actifs russes pour aider l’Ukraine d'”illégaux [et] contraires au droit international”, arguant que ces mesures violent les principes d’immunité souveraine des actifs.

Le gel indéfini des avoirs russes en Europe

Les États membres de l’Union européenne, y compris la Belgique, ont accepté d’imposer un gel indéfini des avoirs de la Banque centrale russe détenus en Europe. Le Conseil a décidé d’interdire temporairement tout transfert direct ou indirect d’actifs ou de réserves de la Banque centrale de Russie. Cette décision représente une escalade significative dans l’utilisation des sanctions économiques comme instrument de politique internationale.

La Commission européenne a proposé un “prêt de réparation” d’environ 90 milliards d’euros que l’Ukraine ne devrait rembourser que si et quand la Russie paiera des réparations de guerre, une construction juridique visant à éviter la confiscation pure et simple.

La politique monétaire sous tension

Parallèlement à ces tensions diplomatiques, la Banque centrale russe doit gérer une situation économique délicate. Le 24 octobre 2025, le Conseil d’administration de la Banque de Russie a décidé de réduire le taux directeur de 50 points de base à 16,50% par an. L’inflation en Russie s’élève actuellement à 8,2% en glissement annuel, soit plus du double de l’objectif de 4% de la Banque centrale.

Les analystes ont abaissé leurs prévisions d’inflation pour la Russie en 2025 à 6,3% contre 6,6% qu’ils prévoyaient en octobre, tandis que les prévisions de PIB pour 2025 ont été légèrement revues à la baisse, à 0,9% contre 1,0%.

Conclusion : Un avenir incertain

La Banque centrale russe se trouve confrontée à des défis multiples : une bataille juridique complexe pour récupérer ses avoirs gelés, une pression inflationniste persistante et un ralentissement économique. Dans le scénario de base, le taux directeur moyen devrait se situer dans une fourchette de 13,0 à 15,0% par an en 2026, ce qui signifie une longue période de politique monétaire restrictive. L’issue de ce conflit financier entre Moscou et Bruxelles aura des répercussions importantes non seulement sur l’économie russe, mais aussi sur l’architecture du système financier international et les principes de l’immunité souveraine des actifs. Pour les observateurs économiques et les investisseurs, cette situation illustre la complexité croissante de l’intersection entre géopolitique et finance mondiale.

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