Dermatose nodulaire : les agriculteurs face à une crise sanitaire sans précédent

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Une épidémie qui bouleverse l’élevage français

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détectée en France pour la première fois le 29 juin 2025 en Savoie. Depuis lors, cette maladie virale s’est rapidement propagée sur le territoire national. Entre le 29 juin et le 13 décembre 2025, 111 foyers ont été détectés en France au total : Savoie (32), Haute-Savoie (44), Ain (3), Rhône (1), Jura (7), Pyrénées-Orientales (20), Doubs (1), Ariège (1), Hautes-Pyrénées (1) et Haute-Garonne (1).

Cette maladie virale fortement préjudiciable à la santé des bovins (allant potentiellement jusqu’au décès) conduit à des pertes de production importantes du cheptel infecté. La dermatose nodulaire est une épidémie très contagieuse qui ne touche que les bovins (pas les hommes, ni les caprins), et se caractérise par l’apparition de nombreux nodules sur la peau et les muqueuses internes des bovins.

Une mobilisation agricole d’ampleur nationale

Face aux mesures gouvernementales, les agriculteurs se mobilisent de plus en plus dans plusieurs régions de France pour contester les mesures de l’État prises pour lutter contre la dermatose nodulaire des bovins. Après trois jours de mobilisation contre l’abattage systématique des troupeaux de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse, une partie des syndicats agricoles appellent à de nouvelles actions dans toute la France.

Le point d’orgue de cette contestation s’est cristallisé autour de l’obligation d’abattage total des troupeaux infectés. L’abattage “est une mesure terrible et nécessaire”, indique Olivier Debaere, directeur de crise au sein du ministère de l’Agriculture, tout en reconnaissant que “c’est un vrai choc émotionnel pour les éleveurs touchés, c’est un vrai traumatisme”.

Stratégie gouvernementale et divisions syndicales

Le gouvernement français a mis en place une stratégie stricte. Elle prévoit le dépeuplement total des bovins des foyers et, dans les zones réglementées, une vaccination massive dans les meilleurs délais et obligatoire, intégralement prise en charge par l’État. La France s’apprête à vacciner près d’un million de bovins contre la dermatose nodulaire contagieuse, a annoncé samedi la ministre de l’Agriculture.

Cette approche divise profondément le monde agricole. Si la Coordination rurale et la Confédération paysanne, souvent opposées, sont unies contre la mesure, la puissante alliance FNSEA et Jeunes Agriculteurs estime au contraire que l'”abattage total est la meilleure solution”.

Enjeux économiques et perspectives

Il n’existe aucun traitement virucide, aucun médicament contre cette maladie qui est virale, ce qui complique considérablement la gestion de la crise. L’enjeu dépasse la seule question sanitaire pour toucher directement l’économie de l’élevage français. Cette épizootie est un coup dur pour l’élevage en France, après une année 2024 marquée par la recrudescence de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Le pays compte le premier cheptel bovin de l’UE mais celui-ci a décliné plus vite que les ovins et les caprins ces dernières années.

La ministre de l’Agriculture a promis un soutien total aux éleveurs touchés. L’État indemnise “les propriétaires d’animaux euthanasiés” et prend en charge “les opérations de nettoyage et désinfection” ainsi que “l’élimination des cadavres des animaux abattus”, et “pas un centime d’euro ne sera perdu pour les éleveurs”. La poursuite des mobilisations témoigne néanmoins de l’inquiétude persistante des agriculteurs face à l’avenir de leurs exploitations.

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