Démission du gouvernement bulgare : crise politique avant l’euro

Introduction : Une crise politique majeure en Bulgarie
Le Premier ministre bulgare Rossen Jeliazkov a annoncé ce jeudi 11 décembre la démission de son gouvernement après une nouvelle manifestation majeure dans le pays. Cette décision marque un tournant politique crucial pour la Bulgarie, survenant à un moment particulièrement sensible : le pays des Balkans, le plus pauvre de l’Union européenne, s’apprête à introduire la monnaie unique le 1er janvier. Cette crise illustre les tensions profondes qui traversent la société bulgare et soulève des questions sur la stabilité politique du pays.
Des manifestations massives contre la corruption
Cette décision survient au lendemain de manifestations à travers tout le pays rassemblant des dizaines de milliers de Bulgares, dont 100 000 personnes à Sofia, pour dénoncer la corruption qui touche l’appareil d’État. La vague de mécontentement, sans précédent depuis plusieurs années et avec une présence importante de jeunes, avait commencé fin novembre, lorsque le gouvernement avait tenté de faire voter via une procédure accélérée le budget 2026, le premier libellé en euros.
Le mouvement national, porté notamment par la jeunesse bulgare, a pris de l’ampleur, dénonçant le manque de transparence et appelant à une responsabilité collective et à un renouvellement politique. Plus de 70 % soutiennent la vague de protestations, selon une étude récente, témoignant d’un large soutien populaire.
Un gouvernement fragile confronté à la crise budgétaire
Après sept élections en moins de quatre ans, le fragile gouvernement de M. Jeliazkov avait été formé en janvier, rassemblant une coalition de circonstance entre les conservateurs du GERB de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov et trois autres formations. Sous la pression de la rue, il avait retiré le 3 décembre son projet de budget, qui prévoyait la hausse d’impôts et de cotisations sociales. Cependant, cette concession n’a pas suffi à calmer la colère populaire.
Les conséquences et perspectives d’avenir
En vertu de la Constitution bulgare, la démission du gouvernement doit être désormais avalisée par le Parlement. Il incombe ensuite au chef de l’État de confier un mandat pour la formation d’un nouveau gouvernement dans le cadre de l’assemblée actuelle. Mais les principaux partis politiques ayant d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne comptaient pas s’allier, le président convoquera des élections extraordinaires, celles-ci devant se dérouler dans les deux mois qui suivent.
Conclusion : Un tournant pour la Bulgarie
Cette démission historique témoigne d’une mobilisation citoyenne sans précédent et d’une exigence de changement de la part de la population bulgare. Le processus de changement de monnaie ne devrait cependant pas être affecté car les institutions directement impliquées dans le processus, telles que la Banque nationale bulgare, sont indépendantes. Cette crise politique révèle néanmoins les défis profonds auxquels la Bulgarie doit faire face : instabilité gouvernementale chronique, corruption endémique et défiance des citoyens envers leurs dirigeants. L’issue de cette crise déterminera l’avenir politique du pays et sa capacité à répondre aux attentes de sa population, particulièrement de sa jeunesse mobilisée.









