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En 2014 auront lieu en France les élections municipales. Voilà un programme politique municipal inspirant pour nos villes et villages en France, qui nous vient du collectif citoyen Alternative Démocratique à Oslo (capitale de la Norvège, 600 000 habitants) qui avait présenté une liste aux élections municipales d’Oslo en 2007.

Comme on le constatera, ce programme électoral à double-détente (court terme/long terme) ne jurerait pas en France; problèmes et solutions sont en effet devenus largement communs aux différentes populations du globe, et à plus forte raison en Europe. Plus modestement, de telles campagnes populaires peuvent être l’occasion de faire naître dans nos villes et villages des mouvements de fond revendiquant le droit pour les habitants de décider des affaires importantes qui les concernent.

Ce programme, que nous avons découvert sur le Portail Francophone de l’Écologie Sociale, a été traduit par nos soins.

 

Programme électoral pour une Alternative Démocratique – Oslo 2007

Un autre Oslo est possible !

- Alternative Démocratique veut que les habitants de la ville aient le pouvoir

 

Nous avons besoin d’un nouvel Oslo ! L’Alternative Démocratique à Oslo affirme que la politique aujourd’hui est conduite exclusivement du haut vers le bas et qu’en conséquence les puissances économiques ont de plus en plus de pouvoir et d’influence. Le résultat est démoralisant. Le développement d’Oslo aujourd’hui est marqué par les inégalités croissantes entre les habitants les plus riches et le reste de la population, des coûts de logement insupportables et inhumains, une marchandisation de l’espace public et des problèmes écologiques qui s’accélèrent.

Êtes-vous l’un de ceux qui sont fatigués de l’actuel gouvernement municipal de droite, mais qui pensent que les autres partis ne représentent aucune alternative réelle ? Nous, à l’Alternative Démocratique, partageons votre perception. Mais nous pensons aussi qu’il est possible de changer la situation. Nous affirmons que la solution à l’impuissance que nous ressentons tous se trouve dans la démocratisation de la municipalité et dans la reprise en main par les habitants du contrôle sur les affaires municipales, aux dépends des forces de marché.

Nous nous présentons aux élections pour créer un autre Oslo où ce sont les habitants qui déterminent la politique et où les représentants élus se contentent d’exécuter les décisions – en lieu et place de l’état actuel des choses où les politiciens et les forces de marché prennent les décisions, les autres étant condamnés à en supporter passivement les conséquences. Nous croyons qu’un Oslo de démocratie participative, de solidarité, d’ouverture à tous, d’indépendance et d’écologie réelle est possible. Dans ce programme nous présentons des propositions concrètes qui peuvent amener Oslo dans cette direction.

 

Démocratie veut dire gouvernement du peuple

Le mot démocratie veut dire gouvernement du peuple, mais l’Alternative Démocratique considère que la politique à Oslo ne ressemble guère au gouvernement du peuple. Ce n’est pas la grande majorité – mais plutôt une petite poignée de politiciens, bureaucrates et lobbyistes semi-professionnels – qui gouverne la municipalité. Les campagnes électorales sont devenues un cirque. Les gens ne croient plus que les politiciens vont tenir leurs promesses une fois parvenus au conseil municipal. De plus en plus de pouvoirs dans la municipalité ont été retirés des mains des gens et centralisés dans les mains du conseil municipal, qui à son tour s’est délesté de ses responsabilités en les transférant aux mairies d’arrondissement.

L’Alternative Démocratique ne croit pas aux paroles de l’élite politique municipale selon lesquelles chacun peut participer à la prise de décision à travers la « participation » dans les quartiers ou les « conseils d’usagers ». Au mieux, ces formes de participation font qu’un habitant a le droit de s’exprimer au sujet de choses qui le concernent, au pire elles conduisent à des recommandations que les politiciens et les bureaucrates peuvent ignorer sans vergogne. Nous en avons ras-le-bol d’être réduit à de simples électeurs, consommateurs et contribuables. Nous croyons qu’un autre Oslo doit commencer avec une nouvelle forme de gouvernement pour la municipalité d’Oslo, où nous citoyens aurons une influence directe sur les décisions qui affectent nos propres vies.

L’Alternative Démocratique propose :

- que les politiques de la ville, des arrondissements et le budget (le budget « Groruddalen » compris) soient décidés par des assemblées populaires d’arrondissement ouvertes à tous. Ces assemblées d’habitants doivent avoir leurs propres secrétariats et doivent pouvoir choisir leurs propres représentants à l’arrondissement – et à tous les niveaux municipaux.

- que des référendums décisionnels soient organisés pour les sujets importants comme par exemple l’expansion « Bjorvika »

- que ce qui est aujourd’hui appelé « participation des usagers » soit remplacé par un réel gouvernement des usagers chaque fois que cela est possible.

- que de gros investissements soient faits pour construire un lieu d’assemblée (« Borough Town Hall ») dans chaque arrondissement et un lieu d’assemblée dans chaque quartier qui puisse permettre une vraie vie politique.

Le but d’Alternative Démocratique est que les décisions politiques, économiques et sociales les plus importantes dans la municipalité soient prises par les assemblées populaires d’arrondissement et de quartier, et que les représentants élus se contentent d’administrer et d’exécuter les décisions. Ces propositions représentent les premières étapes vers une forme de gouvernement de démocratie participative à Oslo. L’Alternative Démocratique soutient toutes les autres propositions et mesures qui permettent d’atteindre un tel but.

 

Renforcer l’auto-gouvernement local

En Norvège nous avons une longue tradition selon laquelle les décisions politiques doivent être prises au plus près de ceux qu’elles concernent. Mais l’auto-gouvernement local se meurt. Aujourd’hui, la Norvège est l’un des pays les plus centralisés d’Europe. Les villes n’ont plus qu’une influence minime sur le choix des dépenses publiques, le choix des impôts, ou sur l’organisation des systèmes de santé, d’éducation ou des autres services publics municipaux. Même une ville aussi grande qu’Oslo a les mains liées par l’État, et ses lois faites à Bruxelles ou ailleurs.

A Oslo, la majorité de droite a, au fil du temps, vendu une énorme quantité de biens et de services publics municipaux à des investisseurs privés. Cette privatisation à tout-va a conduit, en réalité, à transférer le contrôle des services publics aux forces du marché. De nombreux services publics municipaux obéissent désormais à la loi du profit et non plus aux exigences primaires d’éthique et au respect humain. Par dessus tout cela, on a donné aux constructeurs privés le pouvoir de décider du développement de la ville – leur pouvoir économique et leurs étroites relations avec la mairie font que, désormais, ils construisent quasiment comme ils le veulent, où ils veulent et quand ils veulent.

Un réel gouvernement populaire est impossible tant que la municipalité est privée de pouvoir sur ses propres affaires et qu’à la place elle est forcée d’exécuter les décisions du gouvernement central. Le taux de participation électoral qui a complètement plongé et le total désintérêt pour la politique locale montrent bien que de plus en plus de personnes sont conscients de ces réalités. Un autre Oslo n’est possible qu’à la condition que la municipalité renforce sa position par rapport à l’État et reprenne aux forces du marché le contrôle.

L’Alternative Démocratique propose :

- que la municipalité d’Oslo demande une part plus grande des revenus de l’État. La municipalité doit évaluer combien d’argent elle a besoin pour assurer les services publics élémentaires, et disposer en conséquence de suffisamment de revenus fiscaux.

- qu’une taxe soit levée sur les grandes propriétés privées et les revenus des entreprises qui font de gros profits.

- que le processus de privatisation et de mise en concurrence de toutes les activités humaines soit arrêté et que les services publics qui ont été privatisés ou ouverts à la concurrence soient remis sous le contrôle de la municipalité et placés sous contrôle populaire.

- qu’une commission indépendante soit établie pour examiner les relations et connections entre le service d’aménagement de la ville, les politiciens et les entreprises de construction et propose en conséquences des mesures pour permettre de retrouver un contrôle public sur l’évolution et le développement de la ville.

- que la municipalité d’Oslo refuse d’appliquer les dispositions des traités internationaux qui violent les principes de contrôle démocratique sur les affaires économiques et de services publics décents pour tous.

Le but d’Alternative Démocratique est un gouvernement populaire local actif et vivant – où le pouvoir part du bas et non plus du haut, et où les services publics et les décisions économiques sont sous contrôle populaire. Ces réalisations devraient être les premières étapes d’un processus par lequel Oslo rejoindrait d’autres villes démocratisées pour petit-à-petit regagner plus de pouvoir par rapport à l’État et retrouver des fonctions qui sont aujourd’hui dirigées par le marché.

 

Pas de participation sans égalité

Il est devenu plus dur de vivre à Oslo. De la même manière que les dynamiques du marché et la globalisation ont éloigné encore plus les habitants du pouvoir, elles nous ont aussi tous transformé en marchandises. Nous sommes obligés de mettre des bâtons dans les roues des autres juste pour survivre. Dans ce contexte, ce sont les gens qui étaient déjà en difficulté qui sont le plus affectés. Beaucoup de travailleurs voient leurs vies marquées par l’insécurité économique, des logements petits et chers et des heures de travail empêchant toute vie sociale normale.

La croissance économique à Oslo est au plus haut, et dans le même temps les disparités entre le pauvre et le riche augmentent. Les femmes et les immigrés d’origines non-européennes, en particulier, ont des revenus plus bas que les autres, et tant les immigrés que les personnes handicapées sont sans cesse discriminés sur les marchés du travail et du logement et par les autorités publiques. Dans de telles conditions la démocratie ne peut pas exister. Alternative Démocratique croit en un Oslo de solidarité, où les opportunités économiques seraient distribuées selon les besoins – en donnant aux gens le temps, la sécurité et l’énergie de participer à la vie économique, autant de conditions nécessaires pour parvenir à une réelle démocratie populaire.

L’Alternative Démocratique propose :

- que le coût du logement soit régulé et que des prêts immobiliers plus favorables soient introduits pour les jeunes et pour les parents seuls.

- qu’une journée de travail de 6 heures soit introduite sans perte de salaire et que les travailleurs aux petits salaires de la municipalité voient leurs salaires augmenter de manière significative.

- que soient établies des crèches ouvertes le soir et qu’un service de traduction gratuit soit disponible dans les réunions politiques.

- que des commissions de citoyens soient établies dans les arrondissements ou des discriminations de la part de personnes privées, d’entreprises ou d’organes municipaux ou étatiques sont rapportés.

- qu’un plan contraignant soit mis en œuvre pour rendre Oslo universellement accessible aux personnes handicapées.

Le but à long terme d’Alternative Démocratique est une société où chacun est traité comme ayant la même valeur, quelque soit son sexe, son âge, son origine, son identité sexuelle, et où l’économie est basée sur la coopération et la distribution plutôt que sur la privatisation du bien commun et la compétition. Ces exigences sont les premières étapes sur le chemin d’une société basée sur la solidarité. Alternative Démocratique soutiendra toutes les propositions visant à réduire les inégalités entre riches et pauvres, et qui dans le même temps garantissent que le citoyen ordinaire regagne le contrôle des ressources économiques. Nous allons aussi travailler pour les droits qui protègent les individus contre toutes les formes de discrimination et pour la mise en place de mécanismes qui rendent possible la participation maximum de chacun par la compensation de désavantages individuels.

 

Un futur écologique à Oslo

La crise écologique est peut-être le problème le plus grave auquel la société d’aujourd’hui doit faire face. Comme les médias le soulignent, nombre des principaux traits environnementaux, qui soutiennent la vie sur Terre, sont sérieusement affaiblis. La menace du changement climatique global est le point le plus pressant de la crise environnementale générale, mais nous ne pouvons résoudre cette crise sans trouver des solutions locales. Oslo est devenue, avec sa consommation énorme d’électricité, d’énergies fossiles et ses matériaux de construction dangereux pour la santé, un parasite pour les ressources naturelles dont elle dépend. En plus de tout cela, la pollution de l’air est un sérieux problème, sans parler des énormes quantités de gaspillage et de déchets, du trafic automobile ou de la réduction des espaces verts de la ville.

La cause la plus importante de la crise est la chasse au profit sans répit et l’effet qu’elle a sur nos vies de citadins. La société dirigée par les principes de concurrence et de compétition dans laquelle nous vivons détruit les traditions de coopération et la volonté de chercher des solutions en commun. Même la municipalité d’Oslo est gérée comme une entreprise, son but principal est la recherche de revenus maximums et l’efficience prime sur les besoins humains. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont très troublées par cette évolution, mais se sentent impuissants pour résoudre le problème car le pouvoir a été éloigné d’eux, et éloigné encore. Mais la solution à la crise environnementale exige de changer les choses maintenant, un revirement profond dans la manière de concevoir les choses et d’agir.

L’Alternative démocratique propose :

- qu’un plan contraignant soit mis en œuvre pour réduire la consommation d’électricité et d’énergies fossiles à Oslo, et permettant un changement profond pour un développement de la société plus écologique. Le plan doit se fonder sur les processus participatifs dans les différents quartiers de la ville.

- Un tarif de l’électricité progressif. Il doit devenir moins cher d’utiliser peu d’électricité et plus cher d’en utiliser beaucoup.

- que la municipalité d’Oslo établisse un fonds spécial pour rendre le parc de logement de la ville compatible avec les standards écologiques.

- Transport public gratuit, même pour ceux qui habitent loin.

- que des centres écologiques soient établis dans les arrondissements où l’expertise est rendue disponible pour les citoyens ordinaires, les associations et les institutions municipales.

Le but à long terme d’Alternative Démocratique est une société écologique qui établisse un équilibre entre la ville et la nature environnante. Pour un Oslo qui donne autant à ses aires naturelles – dont il dépend – qu’il prend d’elles. Pour atteindre ce but la société doit être organisée de manière différente. Production et consommation doivent être régulées en fonction des besoins humains et du reste de la nature – et non être soumises au besoin du marché d’infinie croissance. En fait, c’est le système capitaliste dans son ensemble qui doit être remis en cause, ainsi que les institutions extrêmement centralisées qui aujourd’hui contribuent à garder les leviers de la société loin des gens ordinaires.

Nous croyons qu’un Oslo de démocratie participative, de solidarité, d’inclusion, d’indépendance et d’écologie réelle est possible. Mais cela n’arrivera pas tout seul. Un tel Oslo ne peut pas être créé par des politiciens et des bureaucrates semi-professionnels, mais doit être gagné par un nouveau mouvement populaire qui se bat pour le changement. Si vous êtes en accord avec les principaux points de ce programme, nous vous demandons de voter pour notre liste aux élections municipales d’Oslo 2007. De toute manière, nous devons aussi créer un mouvement qui puisse lutter pour le changement entre les élections. Voyez donc également dans ce texte une invitation à devenir partie pour la création d’un tel mouvement et à rester en contact avec nous. Sans vous un autre Oslo n’est pas possible !