Démission du maire de Chessy : une affaire qui divise la France

Introduction : une démission inédite qui fait polémique
En décembre 2025, le maire de Chessy en Seine-et-Marne, Olivier Bourjot, et l’ensemble de ses sept adjoints ont annoncé leur démission de leurs fonctions exécutives. Cette décision sans précédent fait suite à une ordonnance du juge des référés du tribunal de Meaux en date du 10 décembre 2025 qui oblige la municipalité à organiser le mariage de deux habitants. Le couple est composé d’un homme algérien et d’une femme finlandaise qui vivent ensemble depuis un an à Chessy. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur le rôle des élus locaux face aux décisions de justice et sur l’application des obligations de quitter le territoire français.
Les faits : un mariage contesté par la mairie
L’affaire a débuté au printemps 2025 lorsque le parquet a reçu un signalement de la ville sur le projet de mariage entre une ressortissante européenne et un étranger sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les investigations n’ont pas permis de démontrer l’intention frauduleuse des membres du couple, ces derniers livrant au contraire plusieurs preuves sur la nature personnelle et amoureuse de leurs relations. De plus, l’OQTF visant le futur époux était devenue invalide et donc non susceptible d’être exécutée. Une décision de « non-opposition » a été rendue le 7 juillet.
Face au refus persistant de la mairie, le couple a initié une procédure de référé civil qui a abouti, le 10 décembre 2025, à une ordonnance enjoignant la mairie de procéder à la célébration du mariage. Le maire a alors pris la décision de démissionner avec tous ses adjoints pour éviter de devoir célébrer cette union. Dans un communiqué, Olivier Bourjot a déclaré : « Parce qu’un préfet a pris une décision, en l’occurrence une OQTF qui n’a pas été exécutée, un maire se retrouve contraint de célébrer le mariage d’une personne qui ne devrait pas être sur le territoire ».
Les réactions : un débat politique national
Cette affaire a provoqué des réactions dans toute la sphère politique française. David Lisnard, président de l’Association des maires de France, a apporté son soutien au maire. Cependant, la préfecture de Seine-et-Marne a refusé cette démission collective afin de « prévenir toute perturbation éventuelle du fonctionnement de la commune ». Le procureur de Meaux a également réagi en rappelant que la démission « ne saurait faire disparaître » le fait que l’opposition persistante du maire à la célébration du mariage « est susceptible de caractériser une infraction pénale ».
Cette situation met en lumière une tension entre l’application stricte du droit et les convictions des élus locaux. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez a rappelé qu’un mariage n’empêche pas les mesures d’éloignement, soulignant la complexité juridique de cette affaire.
Conclusion : un cas qui interroge sur le rôle des maires
La démission du maire de Chessy et de ses adjoints illustre les dilemmes auxquels font face les élus locaux dans l’exercice de leurs fonctions d’officiers d’état civil. Cette affaire, qui continue de susciter des débats passionnés, pose la question de l’articulation entre les décisions administratives et les obligations légales des maires. Alors que les élections municipales de 2026 approchent, la commune de Chessy doit maintenant trouver une solution pour assurer la continuité du service public. Ce cas pourrait également influencer les discussions sur une éventuelle réforme législative concernant les mariages impliquant des personnes sous OQTF, comme le suggère une proposition de loi actuellement en débat au Parlement.









