Maisons Closes : Un Débat Français Relancé Près de 80 Ans Après Leur Interdiction

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Introduction : Un Débat Qui Ressurgit en Décembre 2025

Près de 80 ans après leur fermeture, la question des maisons closes refait surface dans l’actualité politique française. En décembre 2025, le député Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a annoncé préparer une proposition de loi visant à rouvrir les maisons closes, un sujet qui touche directement entre 35 000 et 40 000 personnes en situation de prostitution en France. Ce projet, qui divise profondément l’opinion publique et les responsables politiques, relance un débat séculaire sur l’encadrement de la prostitution et la protection des personnes concernées.

Un Contexte Historique et Législatif Complexe

Le 13 avril 1946, la loi Marthe Richard a mis fin à l’existence légale des maisons closes en France, marquant un tournant dans l’histoire sociale du pays. Environ 1 400 maisons closes ont alors fermé leurs portes. Plus récemment, la loi du 13 avril 2016 a instauré la pénalisation des clients, avec une amende de 1 500 euros pouvant atteindre 3 750 euros en cas de récidive. Cette législation abolitionniste cherchait à protéger les personnes prostituées en déplaçant la responsabilité pénale vers les clients.

La Proposition du Rassemblement National : Un Modèle Coopératif

Jean-Philippe Tanguy propose que ces maisons closes soient tenues par les prostituées elles-mêmes, en mode coopératif, avec le soutien de Marine Le Pen. L’objectif serait que les travailleuses et travailleurs du sexe aient un lieu sécurisé, avec de bonnes conditions d’hygiène, et qu’ils cotisent. Les défenseurs de cette initiative affirment vouloir casser les réseaux de proxénètes et sécuriser les professionnels.

Une Situation Préoccupante Pour les Personnes Prostituées

Les chiffres témoignent de la gravité de la situation. En 2024, 1 579 victimes de proxénétisme ou de recours délictuel à la prostitution ont été enregistrées, dont 659 étaient mineures. Jean-Philippe Tanguy évoque la précarité, la souffrance et l’horreur quotidienne que vivent ces personnes, parfois victimes de violences. Plusieurs pays européens comme l’Espagne, l’Allemagne ou les Pays-Bas tolèrent ou autorisent déjà les maisons closes.

Des Oppositions Fermes et Idéologiques

La proposition suscite de vives réactions. L’ancienne ministre Laurence Rossignol, qui a porté la loi de 2016, dénonce la volonté du RN de légaliser l’achat de services sexuels. La CFDT se déclare abolitionniste, affirmant que la prostitution n’est ni du travail ni du sexe. Le Parti communiste y voit une protection pour les clients et proxénètes plutôt que pour les femmes.

Conclusion : Un Sujet de Société Pour l’Avenir

La proposition de rouvrir les maisons closes sous forme coopérative constitue un tournant dans le débat français sur la prostitution. Entre partisans d’une réglementation pragmatique et défenseurs de l’abolition, les positions restent inconciliables. Ce débat soulève des questions fondamentales sur la protection des personnes vulnérables, la lutte contre les réseaux criminels et le respect de la dignité humaine. Alors que la première version du texte est en préparation, cette initiative pourrait devenir un enjeu majeur pour les prochaines échéances électorales et marquer profondément l’évolution de la société française sur cette question sensible.

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